J'éprouve une véritable admiration pour cette revue vraiment remarquable. Certes, elle est plutôt pour les intellectuels. Tant pis pour les lecteurs des pages "sports" des quotidiens. Recherches, articles de fond, icônographie remarquable, mise en page de premier ordre: une référence! Sous chaque couverture, vous trouverez l'éditorial publié par glénat (http://www.glenatpresse.com/lalpe/) A découvrir ABSOLUMENT!
L'alpe comme vous ne l'avez jamais imaginée
Les Alpes comme terre humaine ; dans leur longue histoire, leur déploiement européen et leur devenir. Tel est le propos de L’Alpe.
Chacun aura compris qu’il s’agit de s’éloigner d’une image naturaliste qui tente d’imposer les Alpes comme « parc naturel de l’Europe », comme de celle qui voit dans ce massif le grand « terrain de jeu » du vieux continent.
Mais il s’agit aussi de remettre en cause les chromos anciens (montagne maudite ou sublime, bons montagnards et « crétins des Alpes ») et ceux d’aujourd’hui, ces panoramas d’espaces inviolés dont ont été soigneusement gommés, à la palette numérique, les pylônes et conduites forcées.
Notre propos n’est pas pour autant savant. La quête d’histoire, de patrimoine et de culture, aujourd’hui largement partagée, se trouve au cœur des préoccupations de nos contemporains. Nombreux sont ceux, détenteurs de quelque savoir ou simplement passionnés par la montagne, qui aimeraient apporter leur contribution à ce mouvement. Alimenter cette demande exigeante, en puisant à la meilleure source, est notre premier objectif.
Un deuxième objectif considère la dimension européenne du massif. Projet difficile, tant les frontières sont encore présentes. Moins celles des États que celles des langues, lesquelles dénotent aussi de profondes différences culturelles. Il faut pourtant s’affranchir progressivement de cet obstacle.
Ce n’est pas la construction de l’Europe qui impose cet élargissement, mais plutôt la nécessité de penser les cultures alpines dans leur proximité, sans nier leur extrême diversité. S’intéresser à une terre humaine implique enfin la nécessité d’un regard particulier sur le monde qui se construit ; le patrimoine et l’histoire n’ont de sens que dans cette perspective. Un monde, dont on nous annonce qu’il est planétaire et que nous voyons pourtant secoué de crispations identitaires, toutes plus « localistes » les unes que les autres.
Ainsi s’ouvre la revue L’Alpe, avec la profonde conviction que vous serez nombreux à vous reconnaître dans cette démarche originale. Des musées et lieux de mémoire, anciens ou créés en grand nombre au cours des vingt dernières années ; des livres et publications diverses ; des films ou des sites Internet ; des manifestations érudites ou populaires ; des fêtes : partout s’exerce et se conforte cet appétit commun pour la culture. Mais le patrimoine (sa conservation, sa connaissance) n’est pas qu’un ensemble d’objets à décrire. Il est d’abord un merveilleux outil, une voie d’accès vers la compréhension des autres.
Jean Guibal Jacques Glénat
Conservateur en chef du patrimoine Éditeur
(http://www.glenatpresse.com/lalpe/lalpe.pdf)