Jérôme Briot est Collaborateur du magazine Bédéka. Il a interviewé F'Murrr le 6 mai 2004, chez Dargaud. Il a eu la gentillesse de me faire parvenir le texte intégral de cette interview de F’Murrr. Je l’en remercie vivement. Des extraits sont parus dans le magasine sous le titre de « Au pied du F’Murrr ».
BDK : combien de R à F'murrr ?
F’Murrr : Au début, il y avait chez Pilote un rédacteur en chef très « fonctionnaire ». Il m'a expliqué : "En français, il n'y a pas de consonne triplée" ! D’autorité, il a supprimé un R. Quand il est parti, plus personne ne m'a jamais rien dit.
J'ai vu qu'il y avait un concours à propos de mon vrai nom. Si je prends un pseudonyme, ce n'est pas pour que mon nom soit marqué en dessous! Cela fait partie du métier, comme pour les comédiens qui se créent un personnage d'acteur.
Pendant des années, je n'ai jamais rencontré les auteurs de BD. Les noms Hergé ou Franquin sous le titre d'un bouquin, ça existait. Mais la personne derrière, était sans relation avec cette idée. On a tort de trop jouer au vedettariat. La BD est un monde de solitaires.
BDK : Par rapport aux autres domaines artistiques, il n'y a pas en BD un star-system aussi développé qu'ailleurs…
F’Murrr : C'est vrai. Au grand regret des intermédiaires, qui ne profitent pas de ce milieu. La BD reste un artisanat (malgré les efforts des marchands d'ordinateurs). Jusqu'à preuve du contraire, pour dessiner, il suffit d'un doigt trempé dans l'encre et d’un support. L'écran est l'antithèse du dessin ! Cela ajoute des obstacles entre le créateur et son dessin. Moi, j'ai besoin de la sensation du papier, de l'encre. Les Japonais ont inventé des pinceaux à réservoir, depuis j'ai plus de plaisir à travailler au pinceau, parce qu'il y a une coulée constante.
Les salons de BD n'ont aucun lien avec notre activité, ni avec les lecteurs, qui lisent les livres chez eux. Les gens qui se déplacent pour les festivals sont souvent des collectionneurs, qu'on retrouve partout, des gens du coin et un peu de tout. Mais en soi, un festival BD, ça n'a rien à voir avec la bande dessinée, c'est juste une animation culturelle ou commerciale.
BDK : Les bandes dessinées restent des produits culturels, même sous forme de collection, non ?
F’Murrr : Les collectionneurs de BD achètent tout et n'importe quoi. Les dédicaces sont revendues sur internet. Cela devient une manie : la recherche du plus grand nombre de dédicaces possibles. C'est une bourse. Nos dessins sont comme des billets de banque, mais c'est un système qui fonctionne sans nous. Les auteurs ont tort d'encourager cela ou de se fâcher. Je crois que mes lecteurs sont en général éloignés de ce genre de pratique.
BDK : Beaucoup de vos lecteurs, de vos fans, ne sont habituellement pas des lecteurs de BD !
F’Murrr : Ca a toujours été vrai, dès le début de la série. Mon public est souvent un peu excentrique. Je suis assez lu chez les enseignants. Mon public est plutôt féminin. Mes lecteurs sont assez discrets. S'ils m'écrivent, ils n'indiquent pas forcément une adresse de réponse. En général, ils ne demandent rien.
J'aime bien les gens qui font des choix. Ce qui m'énerve, ce sont les gens qui achètent n'importe quoi : tout ce qui vient de paraître, et qui ne s'intéressent qu'au premier tirage. On a introduit dans l'esprit des lecteurs des notions de spéculation qui n'ont aucun rapport avec la lecture.
La BD est devenu un phénomène médiatique un peu moins méprisé qu'avant, alors cela existe, certains auteurs apprécient. Je préfère rester à l'écart. Si je fais ce métier, c'est parce c'est une activité que je peux exercer sans avoir plein de gens autour de moi, et rêver un peu.
À une époque, les éditeurs insistaient énormément pour obliger les auteurs à faire des tournées de promo et surtout, réussir à les faire passer à la télé. À une époque, l'obsession des éditeurs était de faire passer les auteurs chez Bernard Pivot ! C'était un peu ridicule, parce que les auteurs de BD n'ont jamais servi que de faire-valoir pour la télévision. Ce ne sont pas eux qui intéressent les gens de télévision.
À une époque, les journalistes se sont mis à faire n'importe quoi, sans analyse, sans préparer. Et puis la télévision adore fonctionner avec des clichés. Par exemple, dès qu'on parlait de BD à la télé, il fallait interviewer Goscinny. Inévitable ! Selon la télévision, les gens ne fonctionnent que par cliché, c'est dangereux parce que cela conduit à une pensée simpliste.
BDK : en même temps, la multiplication des clichés, cela vous alimente: nombre de vos histoires sont construites sur une idée qui renverse un cliché !
F’Murrr : Depuis quelque temps je note les clichés médiatiques et les phrases toutes faites, notamment à la radio. Sur France Culture par exemple. Ce sont de grands utilisateurs de tout ce qui est banal. C'est un peu effrayant : du vocabulaire commercial, qui lui-même empreinte un peu trop au vocabulaire militaire. Tout ça sent mauvais ! En plus, cela signifie que quelqu’un peut tenir un discours d'une demi-heure sans aucun contenu. C'est un peu le discours des hommes politiques actuels. Comment tenir 20 minutes sans jamais apporter quelque chose de concret ! C'est comme cela que fonctionnait Hitler : le contenu de ses discours était totalement nul, c'était uniquement du spectacle fondé sur l'émotivité. C'est ce que la télévision est en train de produire actuellement. Cela ne me satisfait pas vraiment.
BDK : Pouvons-nous revenir sur votre parcours…
F’Murrr : Ah, la biographie ! Passage obligé ! Je n'aime pas trop ça, alors je suis toujours tenté de raconter n'importe quoi. Surtout que souvent, tout est transmis de travers. Mais bon : plus c'est faux, plus c'est amusant ! Bon, en gros : étant de la génération d'après-guerre, j'ai surtout été influencé par la bande dessinée belge. (Il n'y avait pas de BD américaine, ce qui ne m'a pas gêné car je ne suis amateur ni de Mickey ni de Superman, à quelques exceptions près ! Donc Tintin et Spirou.
Sortie du lycée, on m'a aiguillé vers les Arts Appliqués : une école fourre-tout où on mettait les élèves sans grand talent pour les études, qui montraient quelques velléités artistiques. Il y avait là une variété de gens dont on n'aurait jamais cru qu'ils se parleraient ensemble, une ambiance comparable à celle des réunions pour les actualités de Pilote.
Sorti de cette école avec un diplôme qui ne servait strictement à rien, un professeur m'a aiguillé vers l'atelier Poïvet. Ce professeur travaillait à France-Soir et un de ses collègues travaillait à l'atelier Poïvet. Je me suis ainsi retrouvé en bonne compagnie, avec de vrais artisans qui font leur boulot très bien sans rien demander à personne et n'auraient jamais l'idée de se faire passer pour des vedettes. C'était l'esprit des années 1950 et 1960. Des gens qui collaboraient à Vaillant puis à Pif.
J'avais essayé d'y placer quelques dessins d'humour. Mais j'ai vite compris qu'il y avait beaucoup de gaspillage dans ce domaine. Or, je ne suis pas très courageux et je n'aime pas beaucoup travailler ! Il fallait faire le tour de toutes les rédactions avec un dossier de 30 à 50 gags à montrer à quelqu'un qui pourrait, à la rigueur en prendre un, qui serait payé à la surface ! N'étant pas connu, ce serait une petite surface. À ce compte-là, ou bien cela marche immédiatement ou on rame toute la vie. J'ai vite compris que je perdais mon temps à me casser la tête à chercher des gags. Il me semblait impossible de faire de la BD : l'obligation de reproduire 10 fois le même décor me semblait totalement impensable. À l'atelier Poïvet, Mandryka m'a poussé à me présenter chez Pif.
BDK : A l'atelier Poïvet, vous aviez un travail en particulier ?
F’Murrr : Ah non, essentiellement, je passais les voir. On faisait des dessins rigolos, des caricatures. La porte était toujours ouverte, et de temps à autre, Raymond Poïvet sortait de grands discours sur la bande dessinée, souvent intéressants. Pour lui, la BD réaliste était un mode d'expression aberrant et le seul intérêt de la BD était dans le dessin humoristique.
Quand j'étais financièrement en panne, on me donnait de petits boulots, comme monter des maquettes pour la documentation. Chez Pif, j'ai trouvé un boulot d'intérimaire pendant deux mois. Je recopiais leurs chiffres. C'est là que j'ai découvert le Concombre masqué, qui m'a bien plu. À l’époque, Pif c'était vraiment très bien : Forrest, Pratt, Mattioli, Gotlib, Mandryka.
Mais Pif était géré par un collège de jeunes gens qui recevaient les auteurs. On m'a expliqué que Pif étant fait pour les enfants - et les parents étant persuadés que les enfants sont idiots- il fallait faire de la BD simpliste. Or, mon idée à l'époque était à l'exact opposé : faire des images fouillées !
J'ai vasouillé comme ça. Je me suis aussi présenté à Pilote. J'ai été (mal) reçu par M. Pradal à deux reprises. La troisième rencontre avec Pilote s'est faite grâce à Mandryka, qui m'a poussé à téléphoner directement à Goscinny. J'ai eu mon rendez-vous et suis tombé sur un bonhomme extrêmement consciencieux dans son rôle de rédacteur en chef, mais pas du tout rigolo. Il a juste dit : "ça me plaît".
Ensuite, c'était l'engrenage. Les Contes à rebours se sont arrêtés quand Goscinny a déclaré que le sujet était épuisé. Après quelque temps, j'ai proposé deux planches du Génie des alpages, et là, cela a marché tout de suite. Après, Goscinny s'est détaché de Pilote, relevé par Guy Vidal qui m'a poussé à fond. Vidal a convaincu l'éditeur de sortir des albums. Et ensuite, j'ai alimenté tant que Pilote existait.
À cette époque c'était simple : dès qu'il y avait assez de pages, on sortait un album. A présent, je ne suis plus poussé à livrer des planches pour un journal. C'est pourquoi les délais de publication des albums ont tendance à augmenter !
BDK : Ne plus être en prépublication vous déstabilise ?
F’Murrr : Ah oui ! Je n'ai plus de rythme de travail. Ca devient difficile. Greg disait que le plus difficile est de se mettre à la table de travail. Pendant des mois, je fais des détours pour ne pas m'y mettre. Quelqu'un qui arrête une série, comme Franquin avec Spirou, est désemparé. Ce qui peut le conduire à la dépression, parfois pendant des années. Malheureusement, il ne faut pas s'arrêter de travailler.
J'aimais bien travailler pour un journal, et livrer en retard ! Cela donne l'impression de prendre des risques. Maintenant, je suis obligé de me fabriquer des urgences. Pour le dernier album, je me suis obligé à sortir l'album en juin. Pour le reste, on verra s'il y a toujours des lecteurs ou non !
BDK : Ah, je ne partage pas vos doutes !
F’Murrr : Comprenez que la situation est plus défavorable qu'avant : nous sommes tributaires des droits d'auteurs, puisqu'il n'y a plus les revenus de publication dans la presse.
BDK : Mais l'ensemble de votre œuvre est en réédition permanente !
F’Murrr : Oui ! Cela traumatise beaucoup les commerciaux de chez Dargaud. Il paraît que je suis un des rares auteurs dont les réassorts sont très réguliers. J'ai les mêmes chiffres de vente trimestriels depuis des années. Pourquoi ? Qui achète ? J'ai eu quelques réponses au Salon du livre. Des jeunes qui me disent que leurs parents lisaient le Génie des alpages quand ils étaient jeunes. Donc mes acheteurs actuels sont sans doute les enfants de mes premiers lecteurs. J'espère que ceux-là feront aussi des enfants ! Je trouve assez attendrissant que des gens achètent une série, en partie parce que c'était dans la bibliothèque de leurs parents. Apparemment, le Génie est souvent acheté aussi pour offrir.
En tout cas, voilà le seul intérêt pour moi des séances de dédicaces : le côté humain, et les nouvelles locales, les discussions entre les gens qui attendent.
Ce n'est pas les bouquins qu'on dédicace qui nous font vivre. La dédicace, c'est de la promotion pour le libraire et c'est du travail à la chaîne !
BDK : Une anecdote de dédicace ?
F’Murrr : une année le salon « Quai des bulles » a eu lieu pendant une grande marée qui avait même bousculé quelques voitures. Le salon était bondé d'une foule incroyable. Un visiteur s'est évanoui à côté de moi ! Mais après les dédicaces, c'est très difficile. Je suis vidé moralement et physiquement. Et surtout, je ne sait plus dessiner ! La main est gâchée par les heures de dessin industriel. Plus le temps passe, et plus j'y vais à reculons ! C’est vraiment pour faire plaisir aux copains libraires ou au Salon du Livre, ce que je trouve nécessaire.
BDK : Ce n'est pas l'occasion de rencontrer les gens du métier ?
F’Murrr : Eh non : quand on dédicace, on ne parle pas. Avant et après, oui. Et puis, cela fait 30 ans que je fais les Alpages. Les copains, on s'est un peu éloignés les uns des autres. Et au bout d'un moment, on cherche aussi des amis hors du milieu BD, parce qu'il y en a marre ! On s'admire de loin, ou on ne s'admire pas. Dans la situation où je suis actuellement, je vais bientôt faire figure d'ancêtre, genre "Comment vous avez fait ?". Il y a toujours des naïfs qui pensent qu'il y a des recettes pour expliquer le succès.
BDK : Sans parler de recette, y a t-il une méthode, une charte de création des bandes du Génie des Alpages ? Des contraintes que vous vous imposez dans l'écriture, par rapport à vos autres séries ?
F’Murrr : Une seule : la forme ! C'est la forme qui génère le reste. Pour le Génie des Alpages, ce sont des doubles pages. De là, je vais imaginer un dialogue ou un découpage, et pour moi c'est juste un problème de forme. J'imagine le dialogue avant le contenu du dialogue. Dans Maudit Cheptel par exemple, la dernière page, qui est une histoire pratiquement en noir et blanc est purement fonctionnelle. Les mises en couleurs sont de nos jours faites d'un bloc. Je trouve ça éreintant. On travaille au format. C’est un travail de bénédictin ! Anticipant les urgences, j'ai préparé quelques garde-fous, comme cette page facile à mettre en couleurs. Par exemple : noir et blanc. Donc j'ai cherché une idée qui joue sur le noir et blanc. Romuald, qui est noir avec la tête claire, et la brebis Suffolk, qui est blanche avec la tête noire : on va jouer là-dessus. Dans le noir, on ne voit plus la tête de l'une, on ne voit pas le corps de l'autre. Et voilà, cela fait une page ! Après seulement, j'ai cherché un dialogue. Comme la situation était intéressante, cela vient tout seul. C'est pourquoi je dis que la forme commande la création et non l'inverse. Je n'ai pas spécifiquement une histoire à raconter. Ce qui m'intéresse, c'est de jouer avec les différents éléments, les personnages, les cases etc.
La page d'en face, avec Ötzi, le congelé, là j'avais envie de raconter une histoire. Mais ce n'est pas une page intéressante de mon point de vue, parce que c'est tout le temps la même image ! C'est casse-pieds à faire ! Ce n'est pas ce qui me passionne le plus dans la bande dessinée.
Mais par exemple, pour Jehanne d'Arc, au départ, c'étaient aussi des doubles pages. Je n'avais pas l'habitude des histoires longues. Quand je suis passé de Métal Hurlant à (A suivre), il y avait plus de pages. Donc au lieu de faire des chapitres de deux pages, j'ai fait des chapitres de 5-6 pages. Donc progressivement, j'ai appris à construire des histoires. Après on est passé à une formule petit format, dans laquelle j'avais à construire une histoire complète, dans un petit format (pas trop d'images). Ca c'était vraiment idéal. Là j'ai construit un scénario.
Mais quand on écrit une histoire, il faut quand même se laisser la surprise de ce qui va se passer. Il faut être dans la même position que le lecteur. Pour moi, la différence entre les bons et les mauvais auteurs de BD (et dans les autres domaines) c'est que certains y croient et d'autres n'y croient pas. Si un auteur croit à ce qu'il raconte, il trouvera un public. Même les bandes dessinées que je trouve les plus critiquables et qui ont parfois un grand public, si elles ont marché, c'est que l'auteur y croyait. Quand je raconte les histoires des alpages, eh bien j'y suis ! C'est sérieux ! C'est du boulot !
Si je commence à raconter une histoire en me disant : « cela va plaire au lecteur, ceci non ; il faut que je fasse attention ». C'est ce que certains auteurs ne comprendront jamais : il ne faut pas solliciter le public ! Lui plaire est une chose, mais le solliciter, non ! Il y a, selon moi, intérêt à bousculer le public, le déranger ! Dans l'album, par exemple, j'ai mis une histoire que personne n'a comprise et j'en suis très satisfait. J'ai déclaré à l'éditeur qu'il en fallait une, faute de quoi ce ne serait pas les Alpages !
BDK : L'histoire allégorique avec cette divinité qui descend de la montagne ?
F’Murrr : Oui, mais il n'y a rien d'ésotérique là-dedans ! Cela m'a bien amusé. Mais j'ai peut-être été un peu trop elliptique. C'est seulement un petit problème de découpage. Je crois que les lecteurs ne lisent pas forcément les Alpages pour le sens que cela peut apporter. Il y a autre chose.
BDK : Vous aménagez une part d'improvisation dans la création de vos planches ! ?
F’Murrr : Oui, j'ai une structure en deux pages, et cela me permet d'improviser. Cela oblige aussi à une certaine rigueur. Parfois, je suis obligé de condenser une histoire pour la faire tenir dans ce format, en évitant de mettre trop de textes dans les bulles. Quand la BD est surchargée en texte, le lecteur fatigue et moi aussi. Sauf quand une histoire est basée sur un texte, et que l'image n'est qu'un accompagnement. Les alpages ont une structure rigide. De là, je peux y raconter n'importe quoi.
BDK : Il y a beaucoup d'interventions divines dans vos albums : des Bouddhas, des divinités, des anges !
F’Murrr : C'est assez rigolo quand des choses imprévues apparaissent dans le ciel. C'est pratiquement le seul intérêt de la peinture religieuse en Europe : les bonshommes qui flottent dans le ciel. J'aime assez les choses qui tombent du ciel !
BDK : Le lecteur peut facilement faire un rapprochement avec la fameuse « Retraite mystique au Larzac »
F’Murrr : Le lecteur fait ce qu'il veut ! La retraite au Larzac, cela ne m'a jamais effleuré l'esprit ! Mais les endroits déserts, de toute éternité, ont été ouverts à l'éclosion de différents mysticismes. Dès que c'est vu par Bunuel ou par les Monty Python, cela devient tout de suite assez drôle ! Je déplore l'absence d'humour dans le domaine mystique. Quelle que soit leur religion, les intégristes n'ont aucun sens de la rigolade ! À mon avis ce ne sont pas de vrais croyants, mais des fonctionnaires avec des considérations de pouvoir ! Comment mieux dominer les autres, qu'en se prévalant d'une autorité invérifiable, nommée Dieu ? C'est très pratique pour se dédouaner et conserver le pouvoir.
Pour les alpages, un type seul là-haut, en rapport avec des cousins mammifères de différents types, certains domestiques, d'autres sauvages, forcément cela pousse à la réflexion. De là à imaginer que quelque chose va tomber du ciel, ce sont des malades ou des niais. C'est toujours dans la montagne qu'apparaît la vierge.
Si les gens veulent voir des trucs dans le ciel, tant mieux. Mais qu'ils ne nous emmerdent pas si nous ne les voyons pas ! Je refuse qu'on me jette un bouquin à la figure en me disant : c'est Dieu qui l'a écrit. Il faudrait le prouver ! Quel papier a t-il utilisé ? Il n'y a même pas une version originale de la bible. Ce ne sont que des commentaires ! Un plouc quelconque a écrit ce qu'il avait dans la tête. Ou alors, il a recopié sur un autre plouc, mais on en est toujours au même point depuis la préhistoire !
Le problème, c'est que dans les moments difficiles, ces gens très religieux se dégonflent comme des ballons et sont les plus trouillards de tous les trouillards. La religion est censée leur donner de l'assurance sur l'avenir et l'après-avenir, mais ce sont les plus peureux face à la mort. Reste le rôle social du prêtre, qui n'est pas négatif… tant qu'il reste à sa place !
BDK : Vous avez tout de même tué Dieu pendant le mariage de Jehanne !
F’Murrr : ce n'était qu'une boutade, rien de sérieux. À cette époque, les années septante, on était assez bien dans nos pompes ! C'était assez joyeux ! Les auteurs faisaient ce qu'ils voulaient, prenaient des libertés avec papa Goscinny ! Tout le monde faisait tout ou n'importe quoi. C'était assez passionnant.
BDK : vous pensez que les auteurs n'ont pas la même liberté d'expression aujourd'hui ?
F’Murrr : ça a commencé à ramer lorsque le monde de l'édition s'est rendu compte que la BD pouvait rapporter de l'argent, et que les animateurs culturels ont compris qu'une séance de dédicace pouvait attirer du monde dans leur patelin, et que les auteurs ne sont pas des gens exigeants !
Et la Télévision qui s'empare de tout cela. Et en plus, on crée des écoles de BD ! Les trois quarts des jeunes auteurs de BD sont d'excellents graphistes, mais qui racontent des histoires dont je me fous totalement ! La plupart sont obsédés par les séries américaines, et passent leur temps à reproduire en BD tous les schémas de ces séries. Je ne vois pas l'intérêt de reproduire sans cesse des choses qu'on connaît déjà. Mais c'est en train de changer. Il y a des ferments, comme L'Association, les Requins Marteaux ou d'autres…
Un phénomène comme Sfar est assez unique. Je n'avais pas vu ça depuis Tardi. Il va tout manger et il est capable d'assurer tout ce qu'il a entrepris. Moi, ça me rassure un peu. J'ai fait ce métier par amour pour les bouquins. Sortir des livres pour occuper sa vie, c'est ce qu'il y a de mieux. Il n'y a rien de plus gratifiant que de voir sortir un bouquin en librairie, que ce soit le mien ou celui d'un autre.
BDK : puisque vous parlez de Sfar… Avec Trondheim, ils ont très envie de vous "inviter" pour réaliser un Donjon Monsters.
F’Murrr : oui, c'est déjà un vieux projet. Ils ont essayé de me coincer avant 2000 ! Je suis un lecteur de Donjon. Il y a des inégalités, mais dans l'ensemble c'est très bien. Il est toujours question de cette collaboration. Les trois dernières années ont été des années nulles à tout point de vue en ce qui me concerne. Ce projet est tombé au frigo ! J'ai demandé à Trondheim de me laisser finir les Alpages. Pour l'instant je souffle un peu, parce que je sais qu'avoir Trondheim sur le dos, cela ne va pas être de la tarte ! Mais je pense que cela va se faire.
BDK : Ce sera votre premier album avec des scénaristes !
F’Murrr : En effet, il va falloir se mettre d'accord sur les procédures, car je n'ai jamais travaillé avec quelqu'un ! La vraie question est de savoir si j'y arriverai ! Je ne pense pas avoir la liberté de trait qu'ont la plupart des auteurs qui ont travaillé pour Donjon, Trondheim en tête. Il faut savoir travailler vite et léger.
Sfar est monstrueux : il est capable de dessiner partout. Que ce soit un dessin "achevé" ou non, cela fonctionne toujours ! C'est un langage qu'il possède, et par lequel il est possédé totalement.
J'ai de la facilité pour les dialogues, mais le dessin me pose des problèmes. Parfois tout me vient naturellement et le premier jet est bon. Mais il y a des moments où la main ne suit pas du tout. Mais si je devais attendre les "bons moments", je ne dessinerais pas souvent.
Pour les alpages c'est plus facile : ce sont des personnages que je connais par cœur, avec derrière de la montagne, c'est léger. Mais si j'avais dû dessiner le Donjon Monster de Blutch avec la ville (Mon fils le tueur) Euh… Faut voir ! C'est le scénario qu'ils m'avaient proposé !
Je ne suis pas contre le fait d'essayer de surmonter mes appréhensions. Mais je ferais un test avant de m'y mettre. Si cela part bien, alors oui ! pourquoi pas ?
BDK : À propos de suites… Le pauvre chevalier a été réédité chez Dargaud en 2003. Les Aveugles le seront sans doute bientôt. Et la suite de cette histoire ?
F’Murrr : j'ai commis deux erreurs. Celle de faire un synopsis et de le faire lire ! Faire lire le synopsis l'a tué. Aucun de ces actes n'est vraiment dans ma nature. Le synopsis prévu pour le troisième épisode restera sans doute où il en est. Si je fais une suite, ce ne sera pas celle que j'avais prévue. Et j'ai du mal à réchauffer de vieux projets.
Pour les alpages, cela dit, j'ai toujours quelques roues de secours, des découpages qui permettent à mon imagination de travailler. Ainsi, les gags suivants sont du "frais" ! Quand je ressors un vieux crayonné de mes cartons, j'ai toujours l'impression de décongeler quelque chose. Mais en dessinant cette histoire, souvent j'en improvise deux nouvelles. Ce qui m'amuse bien plus. L'histoire qui clôt le dernier album a été improvisée en un quart d'heure au bistrot. De façon très efficace à mes yeux.
Un problème avec les livres à gags, c'est qu'il est difficile de compter : les albums ont 48 pages, mais en fait cela correspond à 46 planches, mais j'en rajoute sur la page de garde et la page de titre, et il y a toujours un moment où je ne sais plus où j'en suis ! Si j'en ai assez, trop ou pas assez ? D'où les pages en réserve. J'avais écarté certaines histoires que je n'aimais pas trop, mais en les dessinant, je me suis rendu compte que cela sortait vraiment bien. Parfois en modifiant, en concentrant une double page en une seule. Dans le dernier album, il y a une image pleine page. Ca ne fait pas partie de mes habitudes, je suis généralement contre, mais ici c'était indispensable !
BDK : Comment faites-vous pour toujours trouver de nouvelles histoires, de nouvelles idées sur une base aussi ténue ?
F’Murrr : Je ne sais pas ! Je prends une page blanche, et cela démarre. Je me suis simplifié le problème en me concentrant sur la forme. D'une certaine façon, il y en a marre de faire toujours les alpages. Nous en sommes au treizième album ! Si j'avais continué à raconter la même histoire qu'au début, je m'emmerderais à mourir ! Ce n’est pas un problème. Je n'ai pas d'angoisse de la page blanche, plutôt l'angoisse de devoir me mettre au boulot.
Une idée en entraîne une autre. Quand on est en recherche d'idée, on devient attentif à tout ce qui se passe autour de soi. Jusqu'à devenir tellement réceptif, que le moindre grain de poussière suffit à faire cristalliser une idée. Dès que l'idée est là, je trouve facilement les dialogues correspondants. Je suis souvent obligé de couper la radio, pour entendre mes personnages.
Souvent, quand les gens écrivent mal, c'est parce que l'idée va plus vite que la main. C'est un peu cela pour les scénarios du Génie des Alpages. Il faudrait parfois qu'ils s'impriment au fur et à mesure que je les entends. C'est aussi une forme d'esprit. Tout le monde n'a pas l'esprit F'murrr ! Certains penseront : heureusement ! De ce point de vue, je n'ai pas dû changer depuis le début.
BDK : cet esprit vous rapproche des auteurs qui cherchent de nouveaux terrains d'expressions pour la BD. Par exemple ceux qui forment l'OuBaPo, l’Ouvroir de Bande dessinée Potentielle ! Vous avez assisté aux toutes premières réunions. Pourquoi ne pas avoir poursuivi avec eux ?
F’Murrr : Dans mon idée, la BD c'était déjà cela. Les travaux de l'OuBaPo me semblaient un peu scolaires. J'étais tenté de leur dire : "Regardez les auteurs de bande dessinée : ce que vous faites, ils le font mieux, et ils ne se sont jamais dit qu'ils étaient un OuBaPo" !
Le scénario bien écrit à la Goscinny, à la Astérix, avec le dialogue d'un côté, la description de l'image de l'autre, ça me sort un peu par les yeux, ce n’est pas très amusant.
BDK : Le Génie des Alpages fourmille d’allusions et de références à Tintin : citations, images…
F’Murrr : Tintin est la première BD que j'aie lue. Enfant, j'ai gagné un concours de dessin organisé par la libraire du coin à Paris. Dans les prix, il y avait Tintin au Congo. À l’époque, les bouquins n'étaient pas pelliculés, ils avaient un parfum : l'odeur de Noël ! Ainsi, Le lotus bleu m'a toujours semblé avoir une odeur de chocolat ! Les bouquins étaient quelque chose d'important. J'ai attendu des années la parution de La Marque Jaune en album. Je n'avais lu que des fragments de cette histoire. Les journaux ont fait une erreur en supprimant les feuilletons, les histoires à suite, pour les remplacer par des histoires complètes. Le feuilleton, c'est ce qui fidélise ! Les conneries de téléréalité fonctionnent exactement sur le principe du feuilleton !
BDK : Hergé avait fini par céder à la pression de ses lecteurs en avouant le prénom de Haddock. Allez-vous un jour avouer quel est le nom du chien dans le génie des alpages ?
F’Murrr : Je n'y ai jamais pensé ! Quand je vois un chien, je l'appelle "Le chien". Et je trouvais intéressant d'avoir un berger qui donnerait un nom à toutes ses brebis, mais pas à son chien ! L'anonymat du chien coïncide aussi avec le fait qu'on ne voit pas ses yeux. Il est un peu absent. Il n'est pas réellement intégré à ce monde-là. Le berger, lui, ça va… enfin, Athanase, parce que j'ai été obligé de virer le vieux !
BDK : Mais oui… Pourquoi ! ?
F’Murrr : Parce qu'il m'ennuyait ! Il devenait trop souvent le souffre-douleur. Il était toujours en retrait, spectateur des fantaisies du chien ou des brebis. Ca finissait par être déprimant ! C'est peu être ce qui s'est passé pour Franquin avec Fantasio dans les histoires de Gaston. Fantasio et Gaston finissaient par ne plus se supporter. L'agressivité entre les deux devenait de plus en plus forte. Jusqu'à son remplacement par Prunelle. C'est amusant, comme les personnages vivent malgré leurs auteurs !
Ce berger m'emmerdait, je me suis dit qu'il en fallait un plus jeune, plus apte à essuyer les tempêtes et quelquefois à en provoquer. Athanase se laisse moins avoir que le vieux. Et puis cela permettait de le confronter à une bergère, et ça, c'est bien, parce que sinon, cela manque un peu de gonzesses ! À part les brebis qui sont une assemblée de demoiselles !
De temps en temps, quand j'ai envie de dessiner autre chose que des moutons, je ressors la bergère de son placard. Suffolk, la brebis anglaise, est venue de cela aussi. Et puis, l'accent des anglaises un peu décalées, un peu zinzin comme Petula Clark ou Jane Birkin, cela a toujours du charme !
BDK : Vous nous avez habitués à l'invention de noms de brebis délirants… Or, il n'y a aucun nom de brebis dans le dernier album !
F’Murrr : Ah bon ? Sûrement parce que ce n'était nécessaire dans aucune histoire. Il y a soit des groupes, soit d'autres personnages. Ou alors, c'est inconsciemment, par esprit de contradiction !
Parce qu'on m'en a parlé jusqu'à l'excès, des noms de brebis ! Sans parler des gens qui me suggéraient des noms en m'envoyant des listes. Si j'ai besoin d'un nom de brebis, j'en ressors un. Mais ce n'est pas essentiel !
Voilà un exemple de différence entre solliciter le public et faire ce qu'on a envie de faire. Je ne vais pas mettre des noms de brebis partout sous prétexte que cela amuse le lecteur. Moi cela ne m'amuse, que quand ça apporte quelque chose à une histoire. Et puis, à titre personnel, j'oublie vite les noms. C'est pour moi rarement essentiel de nommer les gens. C'est encore pire pour les noms des rues. D'ailleurs cela m'a servi, quand j'ai fait un voyage à Tokyo !
BDK : Quels sont les confrères dont vous appréciez les albums aujourd'hui ?
F’Murrr : Un bouquin qui m'a paru grandiose récemment, c'est AK : histoire stupide avec des peluches. C'est vraiment à cela que sert la bande dessinée : permettre à des auteurs de faire des albums comme celui-là. Je regrette que cela n'ait pas été publié chez Dargaud. Cet album posait un problème : l'obligation de créer une collection pour l'accueillir. J'ai suggéré de créer une collection, qui se serait appelée "Les invendables".
Pour moi, le grand auteur français de ma génération, c'est Tardi. Parmi la génération d'avant, ce sont Forrest et Pratt. J'étais vraiment parfaitement heureux de travailler chez (A Suivre) : un journal en noir et blanc, ce que je préfère, et avec une majorité d'auteurs que j'aimais. J'étais vraiment flatté d'être aux côtés d'auteurs comme Pratt, Tardi, Munoz et Sampaio, des incontournables ! J'étais vraiment content de voir Sfar débarquer chez Dargaud. Le chat du Rabbin m'a semblé une œuvre d'utilité publique à plus d'un titre. Il a remis à leur place toutes sortes de considérations restées vagues, avec intelligence et beaucoup d'humour. Sa série sur Pascin aussi.
Mais tous les grands auteurs de BD sont des écrivains. Cela ne plaît ni au monde de la BD, ni au monde de la littérature, qui aimerait continuer de mépriser la BD, à une époque où il n'y a plus vraiment de grand écrivain français.
Ce que nous servent les éditeurs à longueur d'année, c'est de la daube ! Tardi écrit très bien. Contrairement à ce que disent certains, la BD n'est pas destructrice de culture. Les gens qui lisent de la BD, lisent aussi des romans. Les bons auteurs lisent aussi. Sfar est quelqu'un de très cultivé, c'est normal qu'il écrive très bien. Hergé était un grand écrivain. Je me souviens d'une préface d'Hergé sur Paul Cuvelier. Hergé est celui qui a réussi le meilleur portrait de Cuvelier.
Quand je revois les premiers albums… C'était assez vite fait. On était dans le fil de la parution de Pilote, et je ne faisais pas très attention. Le résultat ne me satisfait pas aujourd'hui. Pour l'histoire oui, mais pas le dessin. Aucun dessinateur n'aime se retourner sur son travail passé.
La BD est aujourd'hui assez infantile. Dans les années cinquante et soixante, la BD pour jeune était assez adulte. C'était très sérieux. Dans les sorties actuelles, il y a une majorité de conneries. C'est niveau télé. Quand on écoute les dialogues d'une série, le niveau est quand même plutôt faible : je sors mon flingue et tout est réglé. Les poursuites en voiture, ou les insultes que certains couples de série se jettent à la figure. Tout cela vole très bas. Une grande partie de la BD que je feuillette, c'est ça. Extrêmement bien dessiné mais ça s'arrête là.
À l’époque où j'ai commencé, la question n'était pas de savoir si vous saviez bien dessiner ou non. Il était question de savoir si vous aviez quelque chose à raconter, si cela tenait le coup ou pas. Si les gens avaient été plus exigeants graphiquement, je ne serais jamais passé. À présent, il y a des frimeurs : des super-dessinateurs, mais quand on feuillette il ne se passe rien et on s'arrête à la moitié du bouquin, faute d'envie de continuer. Je préfère les mauvais dessinateurs, les médiocres qui s'en tirent par des pirouettes, mais qui ont vraiment envie de raconter quelque chose. Leur lecteur a vraiment envie de lire. Mais la qualité du dessin, en soi, ça n'a aucun intérêt à mes yeux.
BDK : le fait d'avoir placé Naphtalène (l'héroïne de Tartine de Clous) au Jardin des plantes de Paris, c'était un clin d'œil à Tardi, qui a énormément utilisé ce lieu ?
F’Murrr : Non… C'est une pure coïncidence. On s'est retrouvé au même moment à dessiner le même lieu. Mais j'ai rapidement laissé tomber Naphtalène, pour laquelle j'avais voulu créer une longue histoire, mais finalement j'ai abandonné. Je ne me sentais pas de taille à écrire une histoire longue.
Les enfants ont tous les mêmes fantasmes. Le western, qui en fait partie, ne m'a jamais passionné au contraire du Moyen âge et de la préhistoire. Les dinosaures, cela marche toujours. D'ailleurs, Franquin le savait bien, avec son voyageur du Mésozoïque. Je me paie quelques fois de vieux retours. Jehanne d'arc ou le Pauvre Chevalier, cela me plaisait bien à dessiner. Mais quand je vois Tardi dessiner les rues de Paris interminables avec les gens en costard… Je ne pourrais pas dessiner cela. Je les vois tous les jours. Tardi, lui éprouve du plaisir à glorifier les moches. C'est bien ! Mais moi, je préfère être ailleurs. Et je pense que mes lecteurs aussi, préfèrent rêver !
BDK : Auriez-vous un conseil à donner à l'enfant que vous étiez ?
F’Murrr : Comme je me connais, je ne me serais pas écouté ! Mais de toute façon, donner des conseils, à soi-même ou à un autre enfant, ce n'est pas possible. Donner un conseil peu rassurer quelqu'un, mais il ne faut pas en tenir compte. La seule chose importante dans le conseil, c'est la marque d'attention. Le conseil lui-même est toujours bon à jeter. De génération en génération, les gens font toujours des conneries. De plus, les conseils ne sont jamais universels. Que dois-je faire quand un dessinateur me montre des planches pas terribles ? Si je propose de laisser tomber, c'est oublier que ça peut s'améliorer. La seule chose dont on doit s'assurer chez un débutant, c'est de sa motivation, de son envie.
La BD humoristique est un genre assez routinier. On peut débuter en étant mauvais dessinateur. Comme c'est une routine, le trait se polit.
Excellente interview :-)
Merci encore !!
Rédigé par : Le-Telepherique-fou | vendredi, 15 juillet 2005 à 21:11
Chouette!!
Enfin un site actualisé sur F'murrr :)
Vive le dernier album au moins ca refait parler de ce génie!
Grand merci M'sieur F'murr!
Rédigé par : Baptiste | vendredi, 01 juillet 2005 à 23:17
superbe votre interview!
F'murr est aussi passionnant à écouter
un bien beau cadeau de votre part
merrrrci
heman paulo
Rédigé par : heman | mercredi, 13 avril 2005 à 10:20
Bonjour à vous,
Je viens vous parler de F'murr.
J'ai toujours considéré qu'un auteur - que ce soit de bandes dessinées ou d'autre chose - disait tout ce qu'il avait à dire à travers ses oeuvres. Et F'murr(r) plus que tout autre. Néanmoins, animé d'une certaine curiosité (quelque peu malsaine - je le reconnais), je suis allé chercher des infos sur LUI : je n'ai pas été déçu, il ne dit pas autre chose au long de ses interviewes.
Comme le dit quelqu'un quelque part dans votre blog, F'murr, on adhère dès la première planche, ou bien on ne le fera jamais. La relation du fan avec l'auteur est du domaine de la connivence (de l'écho ?!); à chaque case, F'murr lance un appel au lecteur : tu me suis ? oui, c'est bien; non, ce n'est pas grave et je continue quand même.
D'après F'murr, son lectorat renouvelé vient de la simple présence de ses albums dans la bibliothèque des parents lecteurs de la première génération. Je ne crois pas que ce soit aussi simple : je pense qu'il existe une culture F'murr et que les parents la transmettent à leurs enfants. Pour aimer F'murr, il faut posséder un sens de l'humour particulier, qui ne peut que transparaître dans la culture familiale. L'allaitement au F'murr (lait de brebis ?) déclenche une dépendance irréversible ! Si vous aimez F'murr, vous ne pouvez considérer l'existence de manière tout à fait conventionnelle, s'pas ?
Un des grands mérites - à mes yeux, mais peut-être suis-je un peu lent - c'est que vous pouvez relire 10, 20 ou 30 fois un de ses albums, et vous trouvez toujours une signification nouvelle - détail qui vous avait échappé et éclaire la scène d'un jour nouveau, ou référence ésotérique. Le facteur temps est effectivement indispensable... C'est sans doute ce que F'murr appelle être un peu trop "elliptique". Tout en fait est dans l'ellipse ! Culture et humour, références savantes sans avoir l'air d'y toucher... for the connoisseurs only !
Bon, je l'avoue, je suis un fan de F'murr depuis ses débuts, et j'ai transmis cet amour à mes 2 filles (que je n'ai pas nommé Aspérule ou Mobylette). Amour-humour qui se retourne parfois contre moi je l'avoue, le vieux berger a parfois bien du mal - quand à Percevalve, elle s'en sont occupé toutes seules !
Merci pour votre site, je viens de découvrir que je n'étais pas seul à aimer F'murr. Et puis j'habite depuis peu à Nancy, qui vient de fêter ses 50 ans de jumelage avec Lidge ! Oufti, ké n'affaire !
Longue vie à vous,
Renaud Fay
Rédigé par : Renaud Fay | dimanche, 05 décembre 2004 à 21:22