Analyses des rencontres homme-ours. En cas de rencontre, quel comportement adopter
Dossier de Concertation - Les Pyrénées avec l'Ours
L'ours brun, un danger? (1)
Analyses des rencontres homme-ours
Voir un ours, même de loin, est très rare car l'ours brun a généralement peur de l'homme. Toutefois, ses capacités physiques peuvent le rendre dangereux, comme tout animal sauvage d'une certaine taille (sangliers, cerfs...). Cinq situations à risque sont décrites:
- Ours blessé
- Rencontre à très courte distance avec une femelle accompagnée d'oursons
- Ours surpris sur sa couche diurne ou en train de consommer une carcasse
- Altercation entre ours et chien, ce dernier venant chercher refuge derrière son maître
- Ours dérangé dans sa tanière hivernale.
Sur soixante cas de rencontre homme-ours recensés dans les Pyrénées de 1996 à 2000, le comportement de l'animal a été noté. L'ours évite généralement l'homme (il est très rare de voir un ours). Il est donc à souligner que les pourcentages suivants ne comptabilisent pas les cas où l'ours a évité l'homme, sans que ce dernier ne le voit. Sur les 60 observations, il a été constaté que, dans 78 % des cas, l'ours s'enfuit ou s'éloigne de l'homme. Dans 19 % des cas, il manifeste un comportement indifférent sans être agressif. Dans 3 % des cas (deux cas), l'animal a chargé. Les deux charges correspondent à une femelle accompagnée d'oursons. En 1997, Melba charge un chasseur qui la tue, et en 1998 Ziva charge deux agents de l'équipe technique ours (charge d'intimidation pour les dissuader de s'approcher).
En ce qui concerne la mort de l'ourse Cannelle, postérieure à ce recensement, l'enquête n'est pas terminée à ce jour.
Les cas de mort d'homme dus à l'ours brun sont très rares en Europe. En Scandinavie, le dernier cas connu remonte à 1905. Quelques cas rares ont été répertoriés en Europe centrale et en Russie dans les années 1980. En 2004, en Roumanie, un ours brun, qui était porteur de la rage, a tué une personne. En Amérique du Nord, des accidents ont pu être relevés mais les contextes écologiques et humains sont très différents, et plusieurs millions de touristes peuvent passer dans les parcs nationaux américains sans qu'il n'y ait d'accident grave.
Dans les Pyrénées, des récits anciens et souvent mythiques relatent l'agressivité d'ours blessés par des chasseurs ou des bergers (De Marliave, 2000). Cependant, on n'y connaît aucun cas documenté de mort d'homme à cause de l'ours depuis la deuxième moitié du XlXe siècle. Rappelons également qu'en France, sangliers et cerfs engendrent des accidents mortels chez l'homme tous les ans.
En cas de rencontre, quel comportement adopter ?
Les ours sont par nature discrets, surtout vis-à-vis de l'homme. L'ours a une bonne ouie, un très bon odorat et une vue moyenne. S'il entend un homme ou détecte son odeur, il cherchera à l'éviter. Pour l'aider à vous repérer, vous pouvez manifester votre présence en faisant un peu de bruit. Il ne faut pas chercher à s'approcher d'un ours même à grande distance, qu'il soit accompagné d'oursons ou seul. Il faut également toujours garder son chien à proximité, ne pas le laisser divaguer, car il pouffait provoquer l'ours. En cas de rencontre d'un ours à courte distance (moins de 50 m), il convient de l'aider à vous identifier, de vous manifester calmement en vous montrant, en bougeant et en lui parlant. Eloignez-vous progressivement en vous écartant du trajet qu'il pouffait emprunter dans sa fuite. Ne courez pas.
Si un ours se dresse sur ses pattes arrières, ce n'est pas un signe d'agressivité. Il est curieux, il cherche à reconnaître les odeurs et à mieux vous identifier.
Protocole de gestion d’un ours à problème.
Si l'ours brun est un animal discret qui évite la présence de l'homme, il peut présenter parfois des comportements inhabituels. Ainsi, certains individus au sein d'une population peuvent être amenés à attaquer, de façon excessive, des troupeaux d'animaux domestiques. De même certains individus peuvent présenter parfois un comportement familier et ne plus manifester de crainte par rapport à l'homme. Ce comportement se traduit par une absence de fuite à courte distance, voire une difficulté à faire fuir l'animal. Enfin, dans certains cas l'ours peut se montrer agressif envers l'homme. Ces exemples illustrent la nécessité de disposer d'un protocole d'intervention afin de gérer de telles situations de conflit entre l'ours et l'homme.
Un tel protocole a été établi en en 1992 puis remanié en 1995 pour une déclinaison béarnaise et en 1996 dans le cadre de l'expérience de réintroduction en Pyrénées centrales. Les protocoles Béarn et Pyrénées-Centrales, très proches l'un de l'autre, ont fait l'objet d'une validation par le ministre de l'écologie (après avis du conseil national de la protection de la nature) et sont aujourd'hui en vigueur. Un remaniement est actuellement en cours pour disposer d'un protocole unique sur le massif des Pyrénées.
Dans le cas de la population actuelle d'ours bruns dans les Pyrénées, la stratégie d'intervention sur un ours à problème repose sur 5 étapes successives:
1) mise en évidence et identification de l'ours au comportement atypique,
2) mise en place, si nécessaire, de mesures de protection préventives adaptées à la situation (clôtures électriques, surveillance nocturne...) et assistance humaine par l'équipe technique ours et les membres du réseau ours brun,
3) tentative d'effarouchement de l'animal vis-à-vis des situations où il manifeste un comportement atypique (l'effarouchement consiste à associer le comportement atypique avec une expérience douloureuse pour l'animal grâce à des tirs de balles en plastique),
4) capture de l'ours pour équipement télémétrique et renforcement de l'effarouchement si celui-ci ne peut être obtenu sans le marquage de l'ours. Le but recherché par la capture et son équipement par un émetteur est de faciliter le repérage ultérieur de l'animal pour mener des interventions répétées plus efficaces.
5) élimination (par capture ou destruction directe) de l'animal de la population d'ours si le comportement atypique se maintient et dans le cas où l'animal serait particulièrement dangereux ou impossible à isoler. En cas de danger immédiat par rapport à l'homme, il est prévu de pouvoir passer directement de l'étape 1 à l'étape 5.