Gestion forestière et ours bruns pyrénéens

Dossier de Concertation - Les Pyrénées avec l'Ours
La concertation préalable à l'élaboration du plan de restauration (6)

Rappel des besoins vitaux de L'ours en liaison avec la forêt

La forêt est un milieu de vie indispensable au maintien de l'ours brun d'Europe. Cet animal y trouve à la fois:

  • des zones refuges où satisfaire à ses besoins de repos et tranquillité;
  • des zones alimentaires où satisfaire à une partie de son régime (notamment stations riches en fruits sauvages charnus ou farineux) ;
  • une protection thermique (contre les intempéries et aussi contre la chaleur estivale).

Afin d'essayer que ces rôles soient remplis de façon optimale, des mesures de gestion parti¬culières en zone à ours ont été adoptées.

Situation actuelle de la gestion forestière en zone à ours

L'adaptation de la gestion des forêts pyrénéennes aux besoins vitaux de l'ours brun est actuellement basée sur les principes inclus dans la note « Actions nationales et locales pour la restauration de l'ours des Pyrénées », adressée le 22 septembre 1988 aux préfets des départements concernés par l'ours, par les ministres de l'agriculture et de l'environnement. Ces principes sont mis en œuvre par les instructions et recommandations incluses dans les « règles de gestion applicables aux forêts domaniales situées en zone à ours dans les Pyrénées françaises» proposées par l'office national des forêts et approuvées le 28 mars 1994 par les mêmes ministres. Ils sont étendus de fait aux forêts des collectivités, sous des modalités adaptées.

Ces règles consistent essentiellement à appliquer des mesures a priori pour éviter la perturbation et la détérioration de la qualité des habitats d'une zone restreinte et dûment cartographiée (en 1989, puis 1993 pour les Pyrénées-Atlantiques), correspondant au domaine utilisé par les derniers ours autochto¬nes des Pyrénées. La cartographie de 1989 concernait les départements de l'Ariège, la Haute-Garonne et les Pyrénées-Atlantiques.

En Béarn (Pyrénées-Atlantiques)

Conformément aux préconisations de gestion établies par rapport à la quiétude de l'ours et à l'amélioration de son habitat, des mesures spécifiques ont été mises en place. Elles visent notamment à :

  • améliorer la qualité trophique (alimentaire) du milieu et sa qualité de refuge en favorisant une gestion en futaie irrégulière, en réalisant des plantations d'arbres fruitiers notamment;
  • ne pas réaliser de coupes et de desserte à proximité des sites vitaux et des centres d'activités de l'ours;
  • modifier contractuellement les calendriers de coupe afin de mieux les adapter aux besoins de l'ours;
  • fixer des délais d'exploitation forestière compatibles avec l'utilisation des habitats par la faune sauvage.

L'ensemble des projets d'équipement (pistes, routes forestières...) et de coupes conséquentes est examiné dans le cadre du conseil de gestion patrimoniale de l'institution patrimoniale du Haut-Béarn  (commission forêt). Parallèlement, un dispositif de financement de reports de coupe ou d'indemnisation de sur¬coûts ou de différés d'exploitation avait été mis en place sous la forme d'un fonds géré par l'office national des forêts en fonction des nécessités apparues en cours d'instruction au sein de l' IPHB.

Ce dispositif transitoire devait être avantageusement remplacé par la conception et la mise en œuvre concertée de schémas de mobilisation des bois par massif assurant la cohérence de la gestion forestière et les impératifs de conservation et de gestion des habitats de l'ours. Ils n'ont pas encore pu être mis en œuvre. De plus, une expérimentation de débardage au câble a été mise en place: elle représente une alternative intéressante à la réalisation de pistes qui peuvent constituer des facteurs de dérangement pour l'ours.

En Midi-Pyrénées

L'effort de révision des aménagements forestiers (plan de gestion), pour prendre en compte les préconisations de gestion forestière en zone à ours, s'est porté en priorité sur la zone à ours (cartographie de 1989) en forêt domaniale et communale avec l'accord des propriétaires concernés.
Depuis la réintroduction de 1996-1997, il est à noter qu'aucune mesure de type réglementaire, ni aucun report de coupe n'a été appliqué. Toutes les situations problématiques ont pu être réglées de manière consensuelle.

Des schémas de mobilisation des bois pilotes ont été réalisés sur certains massifs. Ces documents de cadrage définissent les zones où l'on peut exploiter du bois et les méthodes adap¬tées pour le faire en tenant compte des enjeux environnementaux dont la présence de l'ours.

Un accord, qui n'est plus en vigueur aujourd'hui, avait été signé avec la profession en 1996. Il permettait d'interrompre, moyennant compensation financière, un chantier d'exploitation dans des cas critiques pour la sauvegarde de l'ours. Cependant, l'activation de ce processus n'a jamais été nécessaire.

En Haute-Garonne, les projets forestiers (coupes, créations de pistes) sont examinés par le comité technique ours dès lors qu'ils se situent dans le périmètre ours relevant de la cartographie de 1989 ou lorsqu'ils se situent sur une zone fréquentée régulièrement par les ours. En fonction des sites concernés et de leur importance par rapport à la biologie de l'ours, des préconisations destinées à limiter le dérangement sont données, notamment en terme de date d'exploitation et de délai de réalisation des chantiers.

Pistes d'améliorations

Les mesures de gestion préconisées et appliquées sur le périmètre restreint de la cartographie de 1989 et de 1993 pour les Pyrénées-Atlantiques peuvent a priori difficilement être étendues à une zone aussi vaste que celle occupée par les ours aujourd'hui.

Une réactualisation, au vu des connaissances actuelles, des préconisations qui découlent des besoins de l'ours, apparaît une priorité. Il s'agira ensuite d'élaborer de façon concertée les mesures de gestion permettant la prise en compte de ces préconisations.

Parmi ces mesures, on peut envisager sur les massifs ou unités de gestion pertinentes concernés par une présence d'ours régulière, la réalisation de schémas de gestion de la forêt et de mobilisation des bois, ceci dans un souci d'éviter les instructions au cas par cas des projets forestiers (création de pistes ou réalisation de coupes).

Il serait également intéressant de renégocier avec la profession un protocole d'accord permettant d'interrompre, moyennant compensation financière, un chantier d'exploitation dans des cas particuliers, comme la présence signalée d'une femelle avec ourson.

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