Situation de la population d'ours dans les Pyrénées - Mars 2005

Dossier de Concertation - Les Pyrénées avec l'Ours
Les Pyrénées avec l'ours (2)

Après avoir autrefois occupé une très grande partie des régions tempérées et boréales de l'Eurasie, l'aire de l'ours brun n'a cessé de régresser sous la pression humaine. Sa répartition actuelle est encore importante au nord de l'Europe et à l'est (Scandinavie, Russie, Carpates et Alpes Dinariques). Par contre seules des petites populations subsistent au sud.

Le recul de l'ours brun en France débute à l'époque romaine. jusqu'au XVIe siècle, on peut encore l'observer dans les Alpes, le Jura, le Massif central, les Pyrénées et les Vosges. Il disparaît ensuite de la quasi totalité du Massif central et des Vosges à la fin du XVIIIe siècle. C'est après la Révolution française que l'utilisation des armes à feu favorise une chasse intensive.

Prime d'abattage, vente de la fourrure, utilisation de la viande à des fins culinaires et thérapeutiques sont les vecteurs d'une destruction massive de l'espèce. Au milieu du XIXe siècle, l'ours brun ne subsiste plus que dans quatorze départements des Alpes, du Jura et des Pyrénées. l'ours brun est ensuite classé nuisible, processus qui accélère encore sa destruction. Au début du XXe siècle, seules les Alpes et les Pyrénées sont encore peuplées. Dans les Alpes, la dernière observation est faite en 1937 à Saint-Martin-en-Vercors. Aujourd'hui,l'ours brun ne subsiste plus, en France, que dans les Pyrénées.

Au début du XXe siècle, on estime que 150 ours sont présents sur l'ensemble du massif pyrénéen. Il en reste environ 70 en 1954. la population se fragmente ensuite en deux noyaux: l'un à l'ouest (Pyrénées-Atlantiques et Hautes-Pyrénées) et l'autre au centre (Ariège et sud de la Haute-Garonne). L'interdiction de la chasse à l'ours intervient en 1962. A partir des années 1970, les instances internationales prennent conscience de la nécessité de protéger l'espèce. Un plan de sauvegarde est initié par le gouvernement français au début des années 1980 mais ne permet cependant pas d'enrayer la régression. A la fin des années 1980, le dernier ours disparaît du noyau central. Il ne reste que 7 à 8 individus dans le noyau occidental.

A cette période, il apparaît inéluctable que la population d'ours est condamnée à disparaître des Pyrénées. Sous l'impulsion d'acteurs locaux, l'État, avec le soutien de l'Europe, décide alors la mise en place d'un programme de restauration et de conservation de l'ours brun dans les Pyrénées. Une réintroduction est effectuée: trois ours bruns, de la même espèce que les ours des Pyrénées, sont capturés en Slovénie et relâchés dans les Pyrénées centrales en 1996 et 1997.

Les ours issus de la réintroduction se sont adaptés à leur nouveau milieu. Plusieurs naissances ont eu lieu mais également quelques cas de mortalité, dans des proportions qui sont toutefois celles habituellement observées pour l'espèce.

Avec les quelques ours de souche pyrénéenne qui vivent encore dans nos montagnes, on dénombre aujourd'hui 14 à 18 ours bruns sur l'ensemble des Pyrénées:

  • dans la partie occidentale des Pyrénées: 3 mâles adultes (<< Aspe-Ouest », Camille et Néré) et un ourson mâle de l'année,
  • Dans la partie centrale et orientale: 10 à 14 individus: 2 femelles adultes (Ziva, Caramelles), 2 à 3 mâles adultes (Pyros, Boutxy et peut-être Kouki, dont on ne relève plus d'indices depuis 2003), deux femelles d'au moins un an et demi identifiées par la génétique (et 2 jeunes d'un an et demi observés visuellement: s'agit-il des 2 femelles précédentes ou de deux individus supplémentaires ?), 2 individus nés en 2000 de Ziva, 1 à 2 individus nés en 2002 de Ziva, un ourson né en 2004.
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