Chasse et ours dans les Pyrénées
Dossier de Concertation - Les Pyrénées avec l'Ours
La concertation préalable à l'élaboration du plan de restauration (5)
Situation actuelle
La chasse est une activité dont les adeptes sont pour la plupart issus des différentes catégories socioprofessionnelles directement concernées par la présence de l'ours (agriculteurs, forestiers, acteurs du tourisme...). L'activité cynégétique par elle-même a été souvent désignée comme étant un des facteurs limitant le développement d'une population d'ours, et notamment les chasses en battue pour des aspects de dérangement. Au fil des différents plans de sauvegarde de l'ours mis en place, les Pyrénéens ont perçu l'ours comme un vecteur de réglementations et de contraintes.
Au démarrage de l'opération de réintroduction qui a été conduite en 1996-1997 dans les Pyrénées centrales, il avait été annoncé qu'aucune mesure réglementaire en matière de chasse ne serait imposée. Il s'agissait avec les chasseurs, de gérer au cas par cas, les situations d'interférence entre l'ours et la pratique de la chasse. Chaque problème lié à cette activité devait être résolu de manière consensuelle. C'est dans ce cadre que les fédérations des chasseurs de la Haute-Garonne, puis de l'Ariège et des Hautes-Pyrénées ont rejoint le projet et sont devenues partenaires. A ce titre, un technicien de chacune des trois fédérations départementales (2 équivalents temps plein) est mis à disposition au sein de l'équipe technique ours (sous responsabilité de l'office national de la chasse et de la faune sauvage) en charge du suivi technique des ours sur l'ensemble du massif pyrénéen.
Des actions de sensibilisation et d'information concernant l'ours sont réalisées par les fédérations départementales. les chasseurs participent également directement à la récolte d'indices de présence sur le terrain dans le cadre du réseau ours brun (réseau d'observateurs répartis sur l'ensemble de la chaîne des Pyrénées sous responsabilité de l'équipe technique ours).
En Pyrénées-Atlantiques, une cartographie des sites vitaux reconnus (zones d'élevage des jeunes, d'hibernation, de repos et d'alimentation automnale) a été réalisée sur la base des données du réseau ours brun. Sur ces zones une réglementation des activités cynégétiques (réserves de chasse et interdictions ponctuelles de chasse en battue au chien courant) a été mise en place en 1993 par la fédération départementale des chasseurs des Pyrénées-Atlantiques en concertation avec l'office national de la chasse et de la faune sauvage. De façon ponctuelle, les sociétés de chasse sont amenées à suspendre d'elles-mêmes la chasse si une ourse et son ourson ne se trouvent pas dans une zone réglementée.
Pistes d'améliorations
Suite à la mort récente de la femelle Cannelle (qui était accompagnée d'un ourson), tuée par un chasseur sur une zone non réglementée en Pyrénées-Atlantiques, et considérant les circonstances de la mort de l'ourse Mellba en 1997 ainsi que l'ourse Claude en 1994, il est indispensable d'améliorer le dispositif de cohabitation entre la chasse et la présence de l'ours. En effet, les travaux sur la démographie de l'ours brun montrent que la survie des femelles adultes est le paramètre déterminant pour le maintien d'une population d'ours. l'accent doit donc être mis sur les mesures qui permettent de limiter les risques de mortalité sur les femelles, notamment les femelles accompagnées d'ourson.
Dans cet objectif, trois types de mesures pour¬raient être proposés:
- accentuer le rôle des chasseurs dans le suivi de l'espèce de façon à mieux les associer (participation active des chasseurs dans le suivi, amélioration des échanges d'information). Dans l'optique d'un confortement de l'équipe technique ours, il serait intéressant d'y intégrer un technicien de la fédération départementale des chasseurs des Pyrénées-Atlantiques;
- améliorer la formation des chasseurs en zone à ours pour limiter les risques d'accidents;
- mettre en place une stratégie spécifique dans le cas d'une femelle accompagnée d'ourson. Cette stratégie doit être élaborée de façon concertée et reposer sur des actions contractuelles. En effet, il ne s'agit pas de « mettre sous cloche» des territoires en interdisant la chasse mais bien de privilégier une cohabitation de cette activité avec la faune sauvage.
En Pyrénées-Atlantiques, il a été convenu qu'une amélioration du plan de 1993 serait également mise en chantier en concertation.